Kubagu Mieux équipés, les paysans produisent plus et alimentent les villes

Publié le par journalmongongo.over-blog.com

(Syfia Kisangani/Médias pour la paix et la démocratie) Depuis qu’ils décortiquent leur t leur riz sur place, grâce à des machines, les paysans de Kubagu, un village situé à 15 km de Kisangani, produisent de plus en plus pour eux et même pour les villes proches. Une bonne affaire aussi pour les commerçants, cependant encore peu nombreux, car découragés par la route quasi-impraticable.

 

En arrivant à Kubagu, village situé à 15 km environ de Kisangani, sur la rive gauche du fleuve Congo, nous croisons une file de vélos chargés de sacs de riz blanc qui vont en ville. Depuis que ce dernier est usiné localement, des commerçants affluent dans ce village. Aux points kilométriques (PK) 13, 18, 22… des décortiqueuses ont été installées en septembre dernier dans le cadre d’un projet de développement de Lutheran world federation (LWF) qui vise à améliorer les conditions de vie dans le village.

Ainsi, à Batikedoki (PK 18), deux abris en planches et tôles logent une décortiqueuse et un moulin fabriqués et montés par l’Association pour les initiatives locales en Afrique forestière (Apilaf) et gérés par un machiniste, formé par la même ONG. En quelques secondes, une fois la machine démarrée, le paddy est transformé en riz blanc. Aspergé de poussière, sans masque, visage renfrogné, Jean Botende, machiniste, explique : “La machine consomme 15 litres de mazout et 4 d’huile pour 15 sacs de riz blanc (100 kg par sac, Ndlr)”. Un comité local gère les recettes de l’usinage et décide de leur affectation. “Cet argent nous a permis d’acheter un champ d’1 ha et de payer ceux qui y ont semé le riz”, confie Samuel Tshotsho, président de ce comité.

 

Le village progresse

Les paysans de Kubagu ont désormais tout ce qu’il faut pour produire et nourrir plusieurs villes de Province-Orientale. “Au départ, nous les avons dotés de semences améliorées, explique Marcel Falay, chef du projet LWF, puis d’outils pour transformer sur place leurs produits”. Cyprien Belanga, superviseur du site PK 13, relate qu’auparavant, il allait usiner le paddy à Kisangani et dépensait au moins 15 $ le sac, notamment pour le transport. “De retour des champs, nos femmes devaient sans repos piler le paddy pour le repas pendant deux heures”. Maman Maguy, qui en rentre, témoigne, en posant son fardeau, qu’avant, elle se disputait souvent avec son mari qui ne comprenait pas sa fatigue après les champs. “Epuisée, je ne pouvais piler le pondu (feuille de manioc, Ndlr) et le paddy”, se souvient-elle. Autre avantage, les habitants ont dorénavant dans leurs plats du riz en plus du manioc et de la banane. 

Au moins deux ménages sur trois, contre un seul auparavant, produisent aujourd’hui du riz, selon Amisi Longele, chef du village. “Avant, nous cultivions plus les bananes, le manioc, le maïs…”, note-t-il. Les paysans réalisent deux récoltes par an pour plus de deux tonnes à l’hectare contre 300 kg auparavant. Bolanga Isengandi, agronome, est fier des progrès réalisés par son village : “À la récolte de mars, nous avons produit 86 tonnes de riz !” Les paysans en gardent une bonne partie dans leurs maisons et un grenier construit au PK 22 par la FAO. Amisi signale qu’au moins 15 ménages seront bientôt les premiers à remplacer les chaumes qui couvrent leurs cases par des tôles grâce aux recettes de l’usinage local. 

 

Améliorer l’accès

Reste à pouvoir mieux écouler le riz. Jusqu’à présent, seuls les petits commerçants viennent jusqu’à Kubagu. Depuis l’installation de ces outils de transformation, les villageois attendent des vendeurs de riz blanc et de paddy de plus en plus nombreux en cette période de moisson. Le prix est bon et les acheteurs y gagnent. “J’achète le sac de riz blanc à 35 000 Fc (moins de 40 $) et je le revends 65 000 Fc (plus de 70 $)”, confie, satisfaite, Maman Annie, vendeuse à Lubunga, une commune du sud de Kisangani. Mais, les achats de ces commerçants ne dépassent pas 300 kg à chaque rotation et peu d’entre eux sont informés de ces opportunités. Marcel Falay projette donc d’organiser “des mini-foires au village où seront invités des marchands de produits agricoles, manufacturés…”.

Il faudra sans doute auparavant faciliter l’accès à Kubagu. Pour le moment, seuls les motos et vélos y arrivent. En juin dernier, la FAO a réhabilité des endroits impraticables de cet axe, informe la Direction des voies de desserte agricole (DVDA). Mais, selon Alphonse Diyelua, directeur de cabinet du ministre du Développement rural, “cette voie n’a pas été ciblée par nos partenaires qui priorisent le district de Tshopo”. Pour Kuanza N’kiere, ingénieur adjoint technique à la DVDA, “ces partenaires ciblent des axes qui ne produisent pas vraiment”.

 

Trésor Boyongo

 

Publié dans Mongongo 51

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