Encadrés, les domestiques défendent leurs droits

Publié le par journalmongongo.over-blog.com

 

Depuis peu, une Ong forme et aide les domestiques à défendre leurs droits le plus souvent bafoués. Certains signent des contrats de travail et bénéficient d’avantages sociaux. Mais la majorité des employeurs n’en ont  pas les moyens ou la volonté, et les conditions de travail de ces travailleurs restent très dures.

 

Un jour de janvier, Jolie, domestique, arrive en retard au service. Son patron, un expatrié, lui signifie qu’il la congédie sans préavis. Il charge le comptable de lui verser son décompte final de près de 200 $. Avertie, la domestique refuse de le toucher et saisit l’Inspection du travail. Après conciliation, elle touche près de 400 $ : elle travaillait sans contrat de travail depuis deux ans, ne bénéficiait pas d’allocations familiales, de frais de logement et de transport et son salaire était inférieur au seuil légal. Rares sont les domestiques (en majorité des femmes) qui, comme elle, se rendent à  l’Inspection du travail en cas de litige car ils ignorent  leurs droits. Aujourd’hui, encadrés par une association, ils tentent de défendre leurs avantages sociaux.

 

Des avancées encourageantes

Depuis un an, l’Ong Conscience essaie d’associer les domestiques, de les former et de les informer sur leurs droits et devoirs. «Les domestiques sont considérés comme des esclaves, parce qu’ils ne connaissent pas leurs droits, faute d’instruction et ils travaillent sans contrat de travail», constate Bienvenu Sakananu, Coordonnateur de cette Ong.

Près de 200 personnes dont 80% des filles mères ont déjà suivi cette formation et 24 ont signé des contrats de travail grâce à l’Ong. «Quand mon domestique était malade j’ai téléphoné à l’Ong. Elle m’en a envoyé un autre pour assurer la transition», se réjouit aussi Pauline Antwisi, une mère étudiante qui apprécie l’organisation de cette structure. Une fois formés, ceux qui restent membres de l’Ong sont aidés à trouver un travail  auprès des partenaires comme les agents de la Monusco et les ménages de Congolais moyens en faisant du porte à porte, des communiqués dans les médias... Ils sont bien payés entre 100 à 300 $. «70% du salaire revient au bénéficiaire et 30% à l’Ong pour le fonctionnement et le financement d’une partie des projets comme celui sur les violences sexuelles lancées en janvier», explique Bienvenu Sakananu. L’association veille également à leur traitement sur le lieu de service. Pour suivre la formation, il faut savoir lire, écrire et calculer. Ensuite pendant un mois, ils apprennent  le nettoyage, la lessive, le repassage, la cuisine (congolaise et étrangère), l’encadrement des enfants, le jardinage et la déontologie professionnelle.

 

Domestique, un travail comme tout autre

Habituellement, dans la plupart de ménages, le domestique ne touche pas plus de 20 $ par mois et est seul à tout faire, «alors que plusieurs métiers distincts entre dans la classification de domestique : jardinier, cuisinier, nettoyeur, lavandière, gardien d’enfants, domestique», explique Jack Kongo, inspecteur de la division du travail. Ils se font injurier des patronnes ou patrons et peuvent être chassés à tout instant. Certaines patronnes les considèrent comme des rivales.

Selon l’inspecteur de travail Bunduki, le domestique n’est pas différent d’un agent administratif d’une entreprise. Il est géré comme tout travailleur par le Code du travail et jouit de tous les avantages y afférant. Le domestique le moins payé et célibataire ne doit pas toucher moins de 76 $ par mois. L’employeur est plutôt encouragé à payer plus. «Je travaillais de 6h à 19h pour 20 $, parfois 50 $ pour plusieurs travaux à la fois. Je ne pouvais rien dire. Mais grâce à cette Ong, je gagne maintenant 100 $», explique C.M, une domestique travaillant pour un onusien.

Mais le faible revenu de nombreux foyers congolais (moins de 50 $ par fonctionnaire) ne permet pas de bien payer un domestique. Seuls les organismes et entreprises privées ou leurs agents se le permettent mais la grande quantité des demandeurs n’a pas cette chance. Contraints par la précarité de la vie, de nombreux domestiques acceptent ces dures conditions de travail pour survivre. Une nécessité qui fait oublier le respect de la dignité humaine.

Trésor Mokiango

 

 

 

 

Publié dans Mongongo 34

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