L’effroyable vie des vieillards dans les hospices

Publié le par journalmongongo.over-blog.com

Pour les vieillards de l’hospice de la 16ème avenue, chaque jour est un cauchemar. Ils vivent dans une saleté repoussante, n’ont pas à manger, ne sont pas soignés, pas habillés, pas lavés... Tout le monde les oublie, y compris leurs familles. 

 

L’hospice de vieillards de la 16ème avenue dans la commune Tshopo est la maison de l’horreur. Les chambres qui ne sont pas nettoyées dégagent une odeur insupportable, les murs sont noirs. «Nos voisins les plus proches sont les rats, les moustiques, les saletés», déclarent les pensionnaires. Dans une chambre sans fenêtre, un vieil homme de 101 ans, aveugle et sourd muet, sent très mauvais. En face Yafali Victor dit ne pas avoir mangé depuis deux jours. Chaque matin, il place sa chaise longue devant la porte pour mendier. Plus loin, quatre pensionnaires, sur des lits différents, trois femmes et un homme, se partagent une petite chambre. Ceux qui ont encore un peu de force physique mendient dans les rues, boutiques, bistrots. «Mes habits font plus d’un mois sans être lavés», déclare Lofo Njae, qui regrette la mort de ses cinq enfants qui pouvaient prendre soin de lui.

 

Pas nourris, pas soignés

«Nous recevons seulement chaque mardi et  jeudi un plat de riz et haricot cuits des fidèles de la paroisse catholique Saint Joseph», regrette Victor Yafali. Il est cependant content qu’ils aient un endroit pour dormir et se protéger des intempéries. Ceux qui vivent là, pour la plupart, n’ont pas de la famille sur place ou leurs familles les ont abandonnées ou accusées de sorcellerie.

Le centre de santé n’a pas de médicaments. Ceux qui ne marchent pas ne sont pas soignés car la malpropreté des chambres repousse infirmiers et visiteurs. Selon Batilonge Joseph, l’infirmier titulaire du centre de santé, le tableau est peu reluisant : «Le 7 décembre dernier, une vieille femme est morte de suite de brûlures dans sa chambre. Trois sont décédés cette année de maladies. Un autre cogné par un motard quand il est sorti pour mendier : cinq décès en une année. Deux sont gravement malades». Cet hospice de la division des Affaires sociales compte quatre bâtiments de 10 chambres chacun et héberge 33 pensionnaires.

Dans l’autre hospice de vieillards dans la commune Mangobo, tenu par les prêtres catholiques, les 13 pensionnaires vivent dans des conditions acceptables. Les fidèles de la paroisse Catholique Christ Roi s’organisent en groupe et à tour de rôle pour préparer chaque jour à manger aux vieillards. Les prêtres leurs donnent de temps en temps des vivres et autres. Mais tout le monde n’y a pas accès faute de moyens.

 

Des aides sporadiques

«Depuis les années 90, la division ne reçoit plus des subsides pour leur venir en aide. Localement, ce sont les maigres recettes de location du corbillard et des frais de loyer de certaines chambres de cet hospice qui aident à acheter la nourriture pour ces vieillards une fois par mois», explique d’un air impuissant Léon Batiale, chef de division des Affaires sociales. C’est lors des grandes fêtes, que les entreprises, les politiciens et autres personnes de bonne volonté leur viennent en aide souvent pour faire leur propagande.

Les responsables des hospices conseillent aux familles de les garder à la maison et de venir chercher ceux qui sont dans les hospices. «Comme l’ont fait un groupe de petits fils qui ont récupéré leur grand-père six mois après à la grande satisfaction de tous», témoigne un chrétien de la paroisse Christ Roi de Mangobo. Mais très peu de Boyomais ont le courage de venir rendre visite même à leurs grands parents.

Cosmas Mungazi

Publié dans Mongongo 31

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