La société civile attend des financements pour se mobiliser
Les organisations de la société civile ne se mobilisent guère pour la révision du fichier électoral qui démarre bientôt. Toutes attendent des financements de l’extérieur qui ne s’annoncent pas aussi importants qu’en 2006. Excepté quelques émissions de radios, rien n’est donc fait pour informer les électeurs...
Pour le reste, les actions restent occasionnelles. «C’est surtout lors des formations, ateliers, réunions, rassemblements… que nous profitons glisser un message sur les élections», raconte Delveaux Atenyi, Secrétaire exécutif du Conseil régional des organisations non gouvernementales de développement (Crongd).
L’attente du financement
En fait, les organisations de la société civile attendent toutes du financement de l’extérieur pour bouger. Pierre Kibaka du groupe Justice et Libération confie : «il y a deux mois que nous avons élaboré un programme de mobilisation pour le fichier électoral, mais sans moyens. On attend la réponse du partenaire».
La plupart de ces organisations n’ont pas de ressources propres et dépendent des appuis extérieurs. Pour d’autres ces élections étaient incertaines et elles sont prises au dépourvu. «Au niveau des partenaires, on ne maitrisait pas le processus des élections ; voilà pourquoi les Ongs n’ont pas réussi à mobiliser les moyens», explique D. Atenyi. A la Commission Justice et Paix de l’Église catholique, rien n’était pas encore prévu. «Nous attendons le coup d’envoi de l’autorité et les moyens pour en faire large diffusion», explique Corneille Nonziodane, évêque et président des Églises du Christ au Congo (ECC).
En 2006, en pareille période, c’était la fièvre, se souviennent certains. Des sensibilisations à travers les médias, des tribunes d’expression populaire, des formations des observateurs et témoins, des séances d’animation sur l’importance des élections et l’implication de tous, tout avait été mis en oeuvre. «C’étaient des élections fondatrices d’un nouvel ordre politique et de la paix dans le pays, rappelle le Pr Jean Otemikongo, ex-coordonnateur de la CEI et ces enjeux ont mobilisé toutes les parties pour que celles-ci réussissent à tout prix». «IFES, NDI, USAID, Christian Aid, Monuc… toutes ces structures internationales avaient mis à notre disposition des ressources financières nécessaires», se souvient aussi Jean Paul Nyindu, activiste des droits de l’homme.
Pour l’heure, certaines de ces structures internationales n’ont plus de représentation locale pour faire l’interface avec les organisations locales et les espoirs s’amenuisent. Pour J.P. Nyindu, «cette léthargie entretient l’ignorance de la population et l’expose à la manipulation».
Trésor Boyongo, Cosmas et Gabriel Famba
La Socipo divisée
Depuis 2008, la société civile de la Province orientale (Socipo) est divisée. L’aile dissidente «Comité de crise de la Socipo» reproche à la coordination provinciale de ne pas avoir tenu d’élections pour renouveler les animateurs en fin de mandat. Ce comité installe petit à petit des antennes dans les différents districts et territoires. Ce qui crée un dédoublement structurel peu apprécié par la traditionnelle coordination. Pour Delveaux Atenyi, président du Comité de crise, ce sont les intérêts personnels qui bloquent l’alternance. Baudouin Mbale, Président de la Socipo/forces vives, s’est réservé de tout commentaire en rappelant que la liberté d’association est garantie par la Constitution. Plusieurs partenaires ont affaire à deux ailes de la société civile et ne savent pas parfois avec qui collaborer, car les deux regroupements se revendiquent officiels. À maintes reprises, le PNUD et la MONUC ont tenté de les réunir, mais en vain. Chaque partie rejette la responsabilité de l’échec sur l’autre. Cette crise a fait perdre à la Socipo les aides du PNUD et de la Banque mondiale. Pour le Pr. Jean Otemikongo, ex Coordonnateur de la CEI, «on est en présence d’une société civile éclatée par la politisation et ce bicéphalisme a fragilisé la société civile dans son autonomie et son efficacité».
Trésor Boyongo