Territoire d’Opala. Des rizeries locales dynamisent l’économie
Depuis quelques années, des opérateurs économiques du territoire d’Opala, installent des rizeries le long de la route à la grande satisfaction des habitants qui ne sont plus contraints d’aller à Kisangani. Mais le mauvais état de la route ne permet pas toujours aux acheteurs d’arriver jusqu’aux producteurs.
Le long de la route Opala, du PK 50 au village Lomani (200 Km) et dans d’autres villages, près d’une trentaine de rizeries ont été implantées par des opérateurs économiques locaux et des coopératives d’agriculteurs. “Nous avons repris l’idée d’implanter ces usines lors de nos voyages à l’Est chez nos frères Nande”, explique l’un des patrons qui gère trois rizeries sur cet axe. C’est depuis 5 ans, que ces décortiqueuses placées dans des maisons en terres battues s’installent progressivement à la grande satisfaction des paysans. Ces machines fonctionnent avec du gasoil (mazout) et sont placées à coté des ruisseaux pour refroidir les moteurs.
“Les frais de transport, les taxes et amendes payées aux barrières, les risques de voyage sur l’eau, le temps qu’on devait perdre d’ici à Kisangani sont réduits”, se réjouit Seguin Tula Tula, un paysan. Le travail de femmes est assoupli. Elles ne pilent plus le paddy. “Depuis l’arrivée des rizeries, je ne mange que le riz de la machine (riz traité)”, affirme, souriante, une paysanne. Décortiquer un kilo de paddy coûte 30 fc sur place contre 45f c à Kisangani. “Avec ce prix abordable nous parvenons à usiner notre paddy localement”, dit Lienge Daniel, pasteur d’une église locale.
Mais cela ne fait pas l’affaire des rizeries de Kisangani. Certains gérants, reçoivent de moins en moins de paddy : “On traitait 200 à 300 sacs de paddy par mois, mais actuellement on atteint difficilement 50 sacs”. En plus, “à Kisangani, il y a trop de tracasserie des services de l’Etat”, s’explique Joël Essengo, un directeur d’école qui fait de l’agriculture. “Ceux qui oeuvrent en brousse conquièrent les marchés car les paysans n’aiment pas trop ces tracasseries. Mais nous continuons à travailler car la ville est entourée maintenant des cultivateurs”, constate cependant Eric Ibwala, propriétaire d’une rizerie
Sur la route Opala, certains commerçants traitent le riz à crédit et payent après la vente. Les rizeries décortiquent entre 20 et 25 sacs de paddy par jour. Cependant, les producteurs ont parfois du mal à vendre. L’implantation de ces rizeries relance également la production. Les paysans se regroupent pour cultiver de grandes étendues et bénéficier des récoltes à tour de rôle. Ce qui leur permet de se procurer de biens de valeur : vélos, motos, moulins, rizeries,…
Des postes à souder fonctionnent simultanément avec la décortiqueuse grâce aux générateurs. “Le porte bagage de mon vélo était cassé et j’ai fait seulement le déplacement de 7 km pour trouver la solution” , se réjouit Thais Ilangi, un habitant.
Cependant, le mauvais état de la route ne permet toujours pas aux acheteurs d’aller vers eux. La grande partie de la production est acheminée à Yanonge, un centre commercial situé au bord du fleuve entre la cité de Yangambi (58 km) et le territoire d’Opala (73 km).
La route dégradée enclave le territoire
Erosions profondes, nids de poules, bourbiers, eaux stagnantes, hautes herbes, bambous, ponts cassés, sable… Arriver là depuis Opala, territoire situé à 264 km de Kisangani est de plus en plus long. Pour les usagers, c’est un parcours du combattant. “De Kisangani à Lobaye 102 km, j’ai fait une semaine au lieu d’un jour à l’aller. Au retour, j’ai déjà passé 11 jours pour 55 km”, regrette Oscar Bolombe, un chauffeur, trouvé au PK 46 entrain de réparer son véhicule. “La route a vieilli et mérite d’être reconstruite”, constate Franck Mokonzi, un enseignant. “Le véhicule tombe en panne, les amortisseurs cassés, ce qui nous fait perdre du temps”, ajoute Oscar.
Les habitants et les camionneurs font ce qu’ils peuvent. Les chefs des villages des PK 24 et 55 rassemblent les jeunes qui bouchent certains trous. “On n’a pas d’outils, nous sommes fatigués d’envoyer des rapports aux autorités”, se désole un habitant à 41 km. Au PK 35 sur la rivière Lyenge, un pont est détruit depuis novembre 2010 avec des érosions qui menacent les deux rives. Au PK 40, l’érosion de 2 à 3m de profondeur mange la route.
Les travaux de réhabilitation amorcés par le gouvernement provincial en 2010, sont suspendus au pont Osio à 17 km. Depuis le 22 février 2011, le gouvernement central a envoyé un bac pour la traversée sur la rivière Lobae.
Opala est le grenier de la ville de Kisangani. Il fournit le riz, le manioc, les bananes plantains, l’huile de palme,… “Si les autorités reconnaissent la production et la qualité du riz d’Opala, elles n’ont qu’à arranger cette route comme les autres”, recommande l’agronome Fundi Imonge, rencontré à Lobae.
Armand Makanisi