ECHOS DE PROVINCE_33
Bunia : l’argent de bois ne doit plus échapper au trésor public
«Les pays voisins bénéficient de milliers de mètre cube de bois exploités chez nous au détriment de l’Etat Congolais», a dit Raymond Tchedia, ministre provincial de l’Environnement lors de son récent séjour à Bunia. Il a demandé aux autorités des territoires d’être vigilants pour éviter les fraudes. Le payement des taxes doit se faire sur le lieu de stockage de bois scié et non au lieu de coupe. Selon lui, l’argent doit être versé à la banque pour le compte du trésor public et non à des individus. L’association des exploitants forestiers en Ituri dénonce cependant la multiplicité des taxes et services. Depuis les dernières guerres, des nationaux et étrangers (Ougandais, Tanzaniens, Kenya) achètent des arbres auprès des agriculteurs qui ont des «autorisations d’abattus culturaux» à un prix dérisoire par l’intermédiaire des «négociants» locaux. Les chefs coutumiers vendent aussi de grandes concessions des forêts à des exploitants industriels créant des tiraillements avec les exploitants artisanaux. Ce bois exporté en Europe via l’Ouganda et le Kenya ne profite pas aux communautés locales.
Ousmane Sylla
Ubundu, lutter contre le détournement des salaires des agents de l’Etat
L’administrateur assistant chargé de l’Economie et finances et le comptable subordonné du territoire d’Ubundu viennent d’être suspendus. Décision prise par le commissaire de district de la Tshopo Pierre Bakoy au terme de sa visite d’inspection à Ubundu (128 km de Kisangani). Il reproche à l’administrateur de n’avoir pas remis les salaires de certains chefs de groupements. Sur place, à Ubundu, le commissaire de district a réuni les responsables de l’administration locale tant du territoire que des chefferies et groupements qui se plaignent du détournement des salaires de certains d’entre eux. Avant de poursuivre sa tournée à travers les autres territoires, Pierre Bakoy a réuni les comptables principaux, l’ordonnateur délégué et les mandataires des 7 territoires pour faire un état des lieux de la paie des fonctionnaires et chefs coutumiers.
Fidèle Lutula
Isiro vit dans la peur depuis l’assassinat d’une religieuse
Depuis le décès par balles de sœur Jeanne de la congrégation de St Augustin du diocèse de Dungu (210 km de Kisangani), le 16 janvier dernier dans une embuscade sur la route Bangadi à une quarantaine de kilomètre de Dungu, la population d’Isiro, chef lieu du district de Haut Uele (+500 km de Kisangani), la population vit dans le stress et la peur. La méfiance s’est installée entre les autorités et la société civile. Cette dernière a décrété les 26, 27 et 28 janvier ville morte en signe de protestation contre l’indifférence du gouvernement aux problèmes sécuritaires dans cette partie du pays. Ils veulent aussi interpeller leurs élus pour qu’ils plaident leur cause auprès du gouvernement. C’est enfin en signe de deuil en mémoire des victimes des exactions de la LRA qui serait responsable, selon cette société civile, de l’assassinat de cette religieuse. Mais selon le commandant FARDC de Dungu, ce sont des bandits qui en sont responsables. Le commissaire de district craint que ces journées paralysent l’économie déjà fragile de cette ville. Dès l’annonce de l’organisation de ces jours de ville morte, le 24 janvier, la botte de pondu est passé de 200 fc à 300, voire 500 fc. Le verre de riz blanc a augmenté de 50%.
Richard Tandro
Isangi : les espaces publics menancés de spoliation
La population du territoire d’Isangi est passé de 11 000 en 2008 à 15 000 en depuis 2009. Des originaires de ce territoire venus d’ailleurs et des Eglises de réveil commencent à construire, changeant l’image de la cité. 23 janvier, Monseigneur Camille Lembi du diocèse d’Isangi a réuni le service de cadastre et le conservateur des titres fonciers sur la concession de l’Eglise Catholique convoitée par des nouveaux occupants. Au camp Mipila 3 et dans une partie du quartier CODIS, les constructions poussent sans ordre ce qui crée des conflits. Le 17 janvier dernier, deux Eglises se sont disputées un terrain. A côté des bâtiments publics ou des espaces verts, de nouveaux bâtiments des députés et commerçants poussent. Pour l’administrateur du territoire d’Isangi Makanda Mwamba, c’est pour lutter contre les herbes que ces endroits ont été mise en valeur. Pour la société civile, la vente des terrains de l’Etat est une menace, car le découpage territorial prévoit l’érection d’Isangi en ville qui aura besoin de construire des nouveaux bâtiments. Vu la forte demande, les parcelles s’achètent actuellement à 1 500$ au centre de la cité, et de 200 à 400 $ dans les autres quartiers.
Joseph Bassay
Bunaia, les Pygmées s’intègrent grâce au football
Dimanche 23 janvier, le stade Amani de Bunia a connu une ambiance inhabituelle : les deux équipes de foot étaient composées uniquement des jeunes Pygmées: l’équipe de Ngombe Nyama venue de 79 Km route Beni-Bunia habillée en Rouge Bleu et la formation de Alukpi vêtue en noir en provenance à 82 km de Bunia non loin de Komanda sur la route qui mène vers Kisangani. Score du match, 2 buts à 1 en faveur de Ngombe Nyama. « Ils jouent très bien, avec une vitesse qui, de fois ils dépassent le ballon, ils méritent des encouragements», déclare Innocent Tshibanda, président de l’entente rurale de football Ituri. Ce match a été organisé par l’Ong, Organisation Sociale pour le Développement des Pygmées (OSDPY) dans son projet d’intégration sociale des peuples pygmées. Ils sont venus avec leurs supporters et des femmes pygmées qui ont présenté des danses folkloriques pygmées. Plus de milles personnes ont pris part en achetant de billets d’accès.
Isabelle, coordinatrice d’OSAPY se dit satisfaite de l’accueil que leur a réservé par la population de Bunia. Selon le président de l’Entente Rurale de football de l’Ituri, l’idéal serait de créer une équipe de football des pygmées et de l’affilier comme toutes les autres équipes des bantous.
Ousmane Sylla