Aux journalistes de jouer l’apaisement

Publié le par journalmongongo.over-blog.com

Face à certains manquements au Code d’éthique et de déontologie observés dans leurs médias, les rédacteurs en chef ont mis en place un club pour renforcer leur contrôle sur ce qui se dit sur les ondes et sur ce qui est publié dans leurs journaux. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) dit lui manquer de moyens pour mieux réguler la profession.

 

Certains journalistes ont déposé leurs candidatures pour les prochaines législatives du 28 novembre. D’autres sont militants de partis politiques et arborent leurs insignes tout en continuant à prester dans leurs rédactions. Des journalistes se lient déjà avec certains candidats pour couvrir leurs activités. Dans les rédactions, certains articles sont diffusés sans passer par le secrétaire de rédaction, ni le rédacteur en chef. Des médias citent les noms des candidats avant la publication officielle des listes par la Céni. “En 2006, il y avait des journalistes militants. Cette année, on voit des journalistes candidats !”, analyse Jean-Pierre Lifoli, professeur en sciences politiques et journaliste. Des journalistes proches des candidats se sentent plus importants, plus redevables envers les candidats qui les “coupent” (financent) et négligent leur rôle essentiel de traiter de façon impartiale l’information dans leur rédaction.

La Charte de Munich, reconnue par la Fédération internationale des journalistes impose à ces professionnels de “ne jamais confondre leur métier avec celui du publicitaire ou du propagandiste”. Le Code d’éthique et de déontologie du journaliste congolais souligne pour sa part que le reporter n’a de directive à recevoir que de sa rédaction.

Sous l’initiative de Médias pour la paix et la démocratie (Mépad), une ONG de promotion d’une presse libre et responsable, des directeurs de médias, des rédacteurs en chef, des journalistes, des représentants de la division de la communication et presse, de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC) et du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) se sont réunis le 13 septembre pour un rappel des règles du métier.

L’objectif est de faire des médias des garants de la paix avant, pendant et après les élections. Pour Jean-Pierre Lifoli, ce travail commence par l’encadrement des journalistes par leurs rédacteurs en chef. Jean Pierre Lifoli critique l’absence de conseil de rédaction dans certains médias. C’est ainsi que des papiers de publicité politique échappent aux rédacteurs en chef les moins vigilants.

 

Parler des problèmes des populations

Les journalistes doivent faire preuve d’impartialité et de neutralité dans la collecte, le traitement et la diffusion de l’information. Ce n’est qu’à cette condition qu’ils pourront permettre à la population de se choisir des gouvernants capables d’améliorer ses conditions de vie. Le président de Mépad a souligné que “beaucoup d’électeurs ne dévoileront pas leurs opinions aux journalistes qu’ils soupçonnent de représenter les idées d’un seul parti politique”.

Il revient donc aux journalistes d’expliquer à leurs patrons de presse, dont certains sont des politiques, les exigences du métier. A l’issue des échanges du 13 septembre dernier, un club des rédacteurs en chef a été constitué dix jours plus tard pour renforcer leur rôle et redoubler de vigilance avec leurs journalistes pour éviter certains dérapages. Le coordonnateur du CSAC, Benoît Kuda, qui se plaint du manque de moyens pour réguler le secteur, rappelle que les médias sont obligés de distribuer des temps d’antenne équitables aux candidats. Le respect du cadre juridique de l’élection, la responsabilité sociale, l’exactitude et la vérification des informations, ont été rappelés lors des débats.

Quand ils vantent les activités des hommes politiques, les journalistes n’identifient pas et ne médiatisent pas les vrais problèmes qu’endurent les populations auxquelles les candidats devraient pourtant dire comment ils résoudront leurs difficultés. Selon Jean-Pierre Lifoli, “en 2006, les journalistes n’ont préparé ni la population, ni les candidats à accepter les résultats des urnes”. “La communauté attend beaucoup de professionnalisme des journalistes pour lui épargner des ennuis”, a conclu Flory Ngongo, président provincial de l’UNPC.

Trésor Boyongo/Septembre 2011 

 

Publié dans Mongongo 45

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